ANTICIPER LA VILLE DE DEMAIN, UN EFFORT D’IMAGINATION !
Face aux crises climatiques, sociales, financières, politiques qui se multiplient, il est essentiel de repenser en profondeur l’ensemble de nos politiques pour y intégrer la question de la résilience de façon globale, afin d’anticiper la ville de demain.
En d’autres termes, nous devons faire un effort d’imagination plus conséquent que celui effectué jusqu’à présent. Il ne s’agit plus, pour la majorité actuelle, dont nous faisons partie, de dire qu’elle va intégrer la dimension écologique en plus de la dimension sociale et ainsi de progresser, mais trop lentement et souvent avec des contradictions. Il ne s’agit pas non plus, pour ses détracteurs, de dire simplement qu’il faut plus d’espaces verts.
Construire de nouveaux logements ? Oui, mais en intégrant de nouveaux paramètres : haute qualité environnementale, énergie négative, circuit de l’eau et sa récupération intégrée, panneaux solaires et végétation sur les toits, etc… Ces politiques doivent avancer ensemble. Nous devons défendre cette idée et pousser au maximum dans ce sens.
L’ensemble des politiques sociales doivent être examinées de près pour savoir lesquelles sont efficaces, lesquelles le sont moins, lesquelles sont efficaces uniquement combinées avec d’autres. L’allocation des ressources peut sans doute être améliorée avec, potentiellement, des gains économiques qui pourraient être réinvestis ailleurs. Les équipements publics type stades, cours d’écoles – certaines sont en cours d’évolution – doivent être pensés pour donner un maximum de place à la végétation, avec des sols en partie non bitumés. D’autres pistes existent, l’important est de montrer que ces nouveaux paradigmes font partie intégrante des réflexions pour construire notre environnement de demain.
Il y a un an, la municipalité a connu un changement de maire, un renouvellement de la direction municipale. La plupart des élus ont conscience de nos limites actuelles. Appuyons-nous sur l’évolution des mentalités pour faire bouger les lignes. Avec le recul, nous constatons que les politiques les plus en pointe qui ont été menées d’un point de vue écologique – géothermie, régie de l’eau – n’ont pas été présentées sous cet angle, mais plutôt sous celui d’un avantage économique pour les habitants. La population ne s’est donc pas approprié la dimension écologique de ces deux dossiers. C’est la preuve d’un ADN politique qui n’a pas suffisamment fait sa mue au regard des enjeux qui sont posés aujourd’hui. Il est encore temps !
Nous sommes aussi obligés de nous projeter sur un plan plus large que la municipalité : besoin de logements ? Il y a des villes qui ne construisent pas de logements sociaux, ce n’est pas normal. Et poussons plus loin : l’Etat français doit se poser la question du rééquilibrage du pays ; l’économie est excessivement centralisée et par conséquent le besoin d’infrastructures et de logements aussi. Les espaces verts ? L’une des questions de fond c’est aussi qu’ils ne rapportent pas d’argent quand la construction, elle, en rapporte. Et c’est un vrai problème qui freine la mise en place d’autres politiques. Nous devons porter des plaidoyers pour que les lois évoluent. Et prendre ces combats à bras le corps en étant force de proposition. La position est trop souvent de dire que c’est la faute de l’État. Oui, nous sommes dans un univers de contraintes, mais dans cet univers de contraintes, quelles politiques originales et résilientes proposons-nous ? Actuellement, c’est regrettable, mais manifester fait moins bouger les lignes qu’avant. Alors, oui, il faut continuer d’aller aux manifs, de mettre la pression, mais, il faut aussi agir concrètement là où nous sommes, quartier par quartier, pour changer les regards, les façons de faire en impliquant les habitants.
Notre commentaire : Nous devons réfléchir à d’autres manières de faire. Faire évoluer notre logiciel. Ce point est essentiel : c’est un exercice difficile pour une majorité qui, même avec des transformations, administre la ville depuis 80 ans. Nous avons manqué certains tournants et cela pèse sur nos capacités à mener des politiques publiques dynamiques et efficaces. Mais il est toujours temps d’aller de l’avant et d’inventer la ville demain !
PLAN LOCAL D’URBANISME INTERCOMMUNAL (PLUI),
LE TEMPS DE L’ENQUÊTE PUBLIQUE
Le projet de PLUI a été voté par l’Établissement Public Intercommunal Grand Orly Seine Bièvre (GOSB) le 17 décembre. Il a également fait l’objet d’un avis du conseil municipal de Gentilly le 6 mars. Ce projet est maintenant être soumis à enquête publique entre le 12 mai et le 27 juin. Chaque citoyen ou association peut s’exprimer à cette occasion.
Au conseil municipal du 6 mars, Gentilly à Gauche Autrement a donné son avis sur ce PLUI. Il nous semble viser un bon équilibre entre les activités économiques, le logement, les espaces verts et les équipements publics. Cet équilibre est important car il faut satisfaire les exigences liées à la crise climatique tout en maintenant une politique sociale forte. Il conforte la vision d’une ville mixte, refusant une ville purement résidentielle avec une volonté de mixité sociale alliant les quartiers d’habitat social et des quartiers pavillonnaires préservés.
Les dispositions de ce PLUI doivent cependant, à notre sens, être encore renforcées sur certains points comme celui des nouvelles constructions prévues dans le cadre des opérations d’aménagement et de programmation (OAP), par exemple sur les bâtiments de l’ex collège Pierre Curie (réhabilitation ou reconstruction), sur l’îlot mairie et à certains endroits de l’avenue Raspail :
- Ces constructions devront faire l’objet d’une concertation forte avec la population.
- Les constructions nouvelles devront, en plus des 30 % de logements sociaux prévus, comporter du logement intermédiaire, pour les couches moyennes qui ont du mal à se loger dans le privé.
- Les équipements publics devront pouvoir suivre l’augmentation de la population.
- Ces nouvelles constructions devront également être accompagnées de nouveaux espaces verts, en leur proximité, s’ajoutant à ceux supplémentaires déjà prévus (80 % de l’îlot paix / Reims, parking de l’église, emplacement de l’école Courbet, forte végétalisation du stade Baquet, établissement d’une trame verte sur le tracé de la Bièvre – qu’elle soit rouverte ou non).
Une certaine densification est possible, elle sera en particulier bénéfique aux commerces, mais elle doit être maîtrisée et décidée en concertation avec les habitants.
Notre commentaire :: Les nouvelles constructions envisagées se feront sur des constructions existantes (« construire de la ville sur la ville »), soit abandonnées depuis des années (ex collège Curie par exemple), soit dégradées (certains immeubles de l’avenue Raspail). Elles permettront en quelque sorte de réhabiliter ces zones. Il est en tout état de cause impératif de ne pas étendre les sols construits.
LA GESTION DE L’EAU, UN DÉFI FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Le changement climatique et l’activité humaine menacent les ressources en eau. En 15 ans, le volume d’eau disponible en France a diminué de 14% (source : Services des données et études statistiques) Il est donc crucial d’anticiper ces défis pour garantir un approvisionnement suffisant.
Chaque année, la Journée Mondiale de l’Eau est célébrée le 22 mars, c’est l’occasion de sensibiliser à l’importance de l’eau potable et de rappeler la nécessité de protéger et de gérer cette ressource précieuse de manière durable.
Gentilly et 8 communes du Grand -Orly Seine Bièvre, ont décidé la création d’une régie publique afin de reprendre en direct la gestion de leur eau potable pour protéger la ressource en eau en se tournant vers un modèle plus écologique, pour maîtriser le prix de l’eau et garantir un service de qualité.
Rappelons les principales étapes de la création de cette régie publique :
- Il y a plusieurs années, des citoyens de Gentilly se sont mobilisés pour reprendre à Véolia la gestion de l’eau
- Septembre 2021, une votation citoyenne était organisée : 95% de votes favorables pour une régie publique de l’eau “Eau Seine Bièvre” sur 9 communes dont Gentilly
- 1er octobre 2022, le Territoire au titre des 9 communes (loi NOTRe) ne réadhère pas au Syndicat des Eaux d’Ile-de-France (SEDIF), établissement public de coopération intercommunale qui a délégué la gestion de l’eau à Véolia.
- Courant octobre 2022, un accord est conclu avec le SEDIF portant sur le partage des eaux, actant une coopération jusqu’en 2029 pour la fourniture par le SEDIF de l’eau en gros et décidant d’une enveloppe cofinancée de 60 millions d’euros pour les travaux de déconnexion des conduites et amélioration du débit.
- Le 1er janvier 2024, la régie publique Eau Seine & Bièvre est devenue notre nouveau fournisseur d’eau potable.
- Le 5 décembre 2024, lancement du comité citoyen de la régie Seine-Bièvre composé de 50 citoyen·nes, réuni en présence de Fatah Aggoune, maire de Gentilly et de Pierre Bell-Lloch, maire de Vitry. Parmi les sujets à l’ordre du jour, notons la désignation de deux citoyens qui siègeront au conseil d’administration de la régie publique de l’eau dès 2025 et que salue Fatah Aggoune : ” Cette logique d’implication citoyenne constitue une innovation à laquelle je suis particulièrement attaché”, et la fixation du prix de l’eau…
- Le 20 mars 2025 les régies publiques Eau de Paris, Eau Seine Bièvre et RÉSO (Régie publique de l’eau de Savigny-sur-Orge) ont signé une série d’accords stratégiques renforçant leur coopération technique sur deux axes majeurs : la recherche-développement dans le domaine de la qualité de l’eau et l’approvisionnement en eau potable en gros. Il s’agit de sécuriser la distribution de l’eau et de réaliser des économies (plusieurs millions d’euros sur l’eau en gros). Cet accord prendra effet en 2030 et permettra aussi de développer les recherches sur la qualité de l’eau, notamment l’analyse de polluants émergents.
Dan Lert, Président d’Eau de Paris, Fatah Aggoune, Président d’Eau Seine & Bièvre, et Brigitte Vermillet, Présidente de RESO, ont souligné que ce partenariat constituait “une réponse technique et stratégique aux défis du secteur” et qu’ils “partagent la même vision d’une gestion publique de l’eau, efficace, démocratique et écologique”.
Notre commentaire : Gentilly à Gauche Autrement s’est engagé depuis longtemps pour une régie publique de l’eau. Nous nous réjouissons qu’aujourd’hui, ce soit devenu réalité. L’eau, cet “or bleu” est une ressource à protéger et à valoriser non seulement pour nos besoins alimentaires mais aussi pour la santé publique et l’écosystème en général.
TROIS QUESTIONS À ANNA KARSENTi, SALARIÉE DANS DES LIEUX INTERMEDIAIRES
Vous administrez des lieux intermédiaires en Ile-de-France, pourriez-vous nous en donner une définition ?
Je suis habitante de Gentilly et très heureuse de vivre dans une mairie de gauche regroupant à la fois des partis politiques et des citoyens engagés. J’ai travaillé dans des lieux intermédiaires : à La Générale et très prochainement au 6b, en Seine-Saint-Denis. Les lieux intermédiaires définissent des espaces culturels souvent autogérés par des bénévoles et qui portent des projets sociaux et de démocratie participative. Ils sont situés entre les lieux-dits institutionnels qui sont labellisés par l’État et les squats artistiques, qui sont eux hors de tout cadre légal. On trouve dans ces lieux des artistes en résidence, une programmation pluridisciplinaire variée, des projets d’éducation populaire, etc. La gratuité et/ou le prix libre y sont des principes éthiques ainsi que l’accueil de collectifs et d’associations. Les bénévoles portent souvent le projet et c’est ce qui fait la puissance et la liberté de ces lieux qui peuvent se positionner comme des contre-pouvoirs nécessaires au bon fonctionnement démocratique. C’est le cas du Générateur par exemple situé à Gentilly.
Pourquoi les lieux culturels indépendants et gérés collectivement sont menacés et que représentent-ils ?
Les lieux dits « indépendants » sont des lieux qui fonctionnent grâce aux subventions et qui refusent le financement privé. Mais aujourd’hui l’affaiblissement drastique du service public pousse de plus en plus de lieux à trouver de nouveaux moyens de subsister et cherchent du soutien auprès de groupes privés ou ferment. C’est toute la culture aujourd’hui qui est menacée et plus largement la liberté de penser, de créer, de s’organiser en dehors des radars étatiques et entrepreneuriaux. Outre la disparition de la pensée politique au profit de la dimension économique, la culture indépendante est attaquée car elle permet l’expression d’un nouveau monde qui déplait au conservatisme ambiant.
Cf. le rapport annuel d’Amnesty international qui alerte sur la situation des droits humains dans le monde : https://www.amnesty.be/infos/rapports-annuels/rapport-annuel/
Quelles peuvent être les solutions citoyennes pour y remédier ?
En attendant le sursaut politique, qui semble de plus en plus inespéré, il y a des solutions citoyennes possibles. Le plus important étant de continuer à trouver des lieux publics où pouvoir se réunir et échanger malgré le désengagement de l’État avec notamment la confiscation de bâtiments publics soumis à la spéculation. Pour contrer à notre échelle citoyenne ces logiques nous pouvons :
- Acheter collectivement un lieu (se monter en foncière ou faire de la propriété d’usages : la main, le clip, terre de liens, etc.) qui permet d’acheter collectivement un lieu, comme l’a fait le cinéma La Clef dans le 5e arrondissement par exemple.
- S’inscrire dans les réseaux, les fédérations et parler du danger que représente ces nouvelles politiques qui se dessinent un peu partout dans le monde, pour ne pas accepter et retrouver nos forces d’actions. Rejoindre et alimenter Le mouvement culture en luttes portés par des syndicats et les professionnel.les de la culture et ainsi retrouver notre pouvoir d’agir.
- Utiliser et investir les lieux qui restent comme des contre-pouvoirs citoyens qui prônent des visions écologiques, culturelles et sociales, éloignés des logiques mercantiles comme c’est le cas à Gentilly avec Gentil’Jardin, la ferme urbaine, La mine.
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